Un mardi noir
J'ai cette blessure dans mon corps, j'ai cette grande de blessure telle une balle nichée au fond de moi. J'ai été touché au plus profond de mon être le 9 février. J'ai arrêté de vivre quand ma mère a quitté ce monde, sachant que ça serait difficile pour moi. Et puis j'ai pleuré et je pleure encore quand je repense à ce jour où je l'ai vu mourir. Cette blessure avec laquelle je dors, je mange. Elle ne guérit pas. Je regarde ces gens autour de moi et j'entends leur consolation, leur angoisse. Alors j'essaye de rationaliser pour reprendre mon souffle. Mais la tâche est rude. Ce Mardi j'étais seul avec elle, ne sachant quoi faire. J'ai senti le monde tourner, submergé par l'émotion je lisais dans ses yeux la peur de mourir. Le dernier truc qu'elle a pu dire c'était Jasmin je t'aime. On se connaissait par coeur. Elle savait à quel point je l'aimais même si j'avais pas le courage de le lui dire. Alors je lui ai dit. Elle a souri. On s'est compris. C'était sa dernière heure, j'ai versé des larmes. Un quotidien. Notre quotidien. Je suis étonné de voir à quel point nous sommes tous abattus, choqués, avec une pointe de résignation. C'est comme ça. A qui en vouloir? La mort est tellement insaisissable, elle agit en profondeur et se nourrit de fanatisme et de haine, de méconnaissance puis t'achève. Cette blessure dans mon coeur, et cette certitude commune: ce n'est pas fini. Ça va recommencer. On ne sait où, on ne sait quand, on se sait qui, mais ça reviendra. Cette angoisse, bloquante, tétanisante.